« - J'ai soif... ». Avais-je simplement annoncé au pirate qui pointait ma gorge de son arme alors que je venais de trouver la sortie de la grotte après de longues heures à travailler dans les mines. J'avais attendu alors qu'il accède à ma requête. Qu'il me donne une gourde voir même une toute petite gamelle rouillée si cela l'embêtait autant que je m'arrête dans ma besogne, attendant que je me ramène des diamants plein les poches... Et pourtant, j'en avais ramené des tonnes des pierres comme ça la journée précédente. Mais il semblait qu'ils avaient déjà oublier nos actions, comme si elles ne s'étaient tout simplement pas déroulée. Et ça, c'était bien dommage pour eux... Ça l'était parce que les enfants et moi-même n'attendions que le bon moment pour nous révolter. Nous avions tous la même pensée en tête. On supposait qu'il fallait encore un peu de temps et de prisonnier et on ferait tout péter... En tout cas, on emploierait les grands moyens pour se battre. Nous n'étions pas des moutons. Certes si aujourd'hui leur petit trafic marchait correctement, c'est qu'il y avait une raison à tout cela, mais s'ils pensaient que leur méthode à nous terroriser à chaque instant était la meilleure, ils se mettent le doigt dans l’œil ! Quand on voyait des gosses mourir chaque jours à cause de la fatigue ou égorgé comme un vulgaire animal sous la dague d'un forban, comment pouvions-nous espérer nous en sortir un seul instant ? Non, dorénavant on songeait tous que le seul moyen de s'en sortir vivant, c'est la liberté. Si l'on ne tentait rien, nous finirions un jour ou l'autre dans le même état que les enfants victimes qui passaient au mauvais endroit au mauvais moment. On serait battu jusqu'à la mort. On donnerait des coups de pics dans la pierre jusqu'à l'épuisement complet... Un bien sinistre destin que personne n'espérait avoir...

Et malgré tout cette barbarie, j'osais encore une fois défier, même gentiment, l'un de ces maudits brigands. Il me lança de nombreuses menaces qui me firent broncher qu'un peu. Il fallait dire aussi qu'il n'était effrayant que parce qu'il possédait des armes et que j'étais affaiblis par l'esclavage dont j'étais victime, cela était tout... Et puis parce que je ne demandais pas la lune non plus ! Eux qui nous obligeait à pousser un maximum nos limites, il pouvait quand même se permettre de me ramener trois gouttes d'eau pour que je reprenne tranquillement le travail, non ? Mais peut être que monsieur était paranoïaque et croyait vraiment que j'essayais de lui faire quitter son poste ? Qu'est ce qu'il risquait alors que ses compagnons n'étaient également jamais bien loin, si ce n'est leur capitaine dont j'espérais ne plus jamais rencontrer. Il était la raison de mon emprisonnement ici. C'est un monstre.

On s'éloigne finalement la mine tandis qu'il me pousse avec la pointe de son sabre vers un endroit qui m'est méconnu. En effet, je ne connais que les mines depuis que je suis arrivé au Pays Imaginaire et je dois dire que je suis plutôt heureux de voir d'autre paysage que des cailloux brillants ou non. Je le remercie presque de me permettre de reprendre mon souffle et de profiter du paysage bien que le soleil me brûle terriblement les yeux alors que je passais nuit et jour dans les tunnels sombres. Que compte-t-il donc me donner pour m'éloigner ainsi de mon lieu de travail ? On s'arrête finalement. C'est un lac où il me pousse sans vergogne dedans, d'un gros coup de pied dans le dos. Tel une poupée de chiffon, je tombe la tête la première dans l'eau. Je reste ainsi dans cette drôle de position, yeux fermées, profitant de la fraîcheur du fleuve jusqu'à ce qu'il me fasse une terrible annonce : des sirènes. Le bassin est fréquenté par des sirènes. Il me parle alors des horreurs et des massacres commis par ces êtres hybrides. Des histoires dont j'ai pu entendre moi-même dans les bouquins ou dans les contes en général. De ces harpies qui provoque la destruction même de navire et qui enfanterait, à l'aide des marins avant de les dévorer tout cru ! Je me lève d'un bond et je recule, mais je suis soudainement arrêté... « - T'avais soif, hein !? Bah vas-y maintenant ! Lape !... ». Son sabre vient encore se piquer sur mon dos déjà torturé et je m'avance en traînant mes lourdes chaînes. Il s'est rapproché et m'oblige à rester prêt du bord, les genoux trempant dans l'eau. D'une main tremblante, je commence à boire une gorgée. Puis une deuxième... Et une troisième dans l'affolement. Mais je me stoppe net lorsque j'aperçois une ombre au fond de l'eau. Pas de doute, c'en est une ! Je rampe jusqu'aux pieds du pirate avant de m'accrocher à sa cheville et de commencer à lancer des cailloux dans la flotte, espérant l'assommer bien que la caillasse soit bien trop petite pour faire du mal à qui que ce soit. « - Hiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiii !!! IL Y EN A UNE. JUSTE LA... ELLE EST HORRIBLE... ». Alors que je prenais le pirate comme un ennemi au départ, je me raccrochais dorénavant à lui comme on s'accrochait à une bouée. Je ne voulais pas me faire dévorer aussi facilement alors que j'avais de plus forte chance encore à mourir dans les mines... Franchement, ça serait trop bête.

Restant accroché à la patte du brigand, je ne bougeais plus, malgré son agacement. Yeux fermés et tremblotant, je croyais réellement qu'il allait me faire du mal mais au lieu de cela, il arrêta les secousses de sa jambe où je me trouvais fixé et il la traîna jusqu'au lac. Je cru au départ qu'il voulait m'effrayer et m'obliger à tomber dans l'eau. Mais au lieu de cela, il était plutôt comme hypnotisé et se laissait aller jusqu'à la source sans la moindre raison. Ou plutôt si : L'homme qui se trouvait là chantait et provoquait une certaine sensation. Moi-même je me sentais toute chose en l'écoutant, et je me suis mis également à rejoindre l'eau à mon tour, ne ressentant plus aucun sentiment de peur. Je ne voulais pas m'y rendre mais en même temps... Si ! Et puis il fallait dire que l'allure de dieu grec du jeune homme ne me laissait également pas insensible, sans parler de ses belles prunelles proches de la couleur du liquide dans lequel il baignait...

Le chant, l'apparence, le paysage... Le tout rendait un tableau magnifique ! L'ensemble donnait envie de le rejoindre, là maintenant. Et en voyant sa main tendue, j'en fis de même, sans la moindre gêne, pensant réellement qu'il m'invitait moi et non l'autre. Si seulement je savais pourquoi... Je commençais seulement à réaliser ce qui se déroulait lorsque le pirate à côté de moi fut emporté par le bel inconnu dans les abysses jusqu'à ce que mon étrange amour fut totalement dissipé et que la créature mystérieuse revenue, sans mon bourreau... « - Hey bien regarde la loque humaine que tu es. Qui es-tu? Ne t'inquiète pas, je ne noie que les pirates. ». Je gonflais les joues en l'entendant. Comment osait-il ? Bien sûr que j'étais une loque ! Mais ce n'était pas de ma faute ! Je n'avais pas choisis mes conditions en arrivant ici... Je n'avais d'ailleurs même pas songé un seul instant venir à Neverland ayant finit par l'accepter à le croire imaginaire... Mais il n'avait cependant pas tord là-dessus... Ma captivité m'avait rendu aussi horrible qu'un squelette tandis que lui il avait l'allure d'une Vénus au masculin. Et je le jalousais terriblement pour ça ! Mais l'heure n'était pas à la dispute, quoique... « - Pourquoi... Pourquoi tu l'as noyé ?! ». J'avais repris totalement mes esprits, assimilant la mort du pirate. Assimilant également qu'il y avait de grande chance que Barbe Noire me fasse ensuite la peau bien que je n'avais demandé que de l'eau pour apaisé ma soif. Je n'avais même pas cherché à me libérer... Seulement travailler comme on m'avait demandé de le faire ! Et voilà que je devais essayer de rattraper la chose... Gueulant comme si on venait d'abattre le plus proche de mes amis alors que ce dernier m'avait maltraité comme un chien. Mais j'avais peur. « - ...Qu'est-ce que je vais devenir maintenant ?! ». Je m'offusquais de plus en plus alors que j'avais dorénavant la possibilité de fuir plutôt que de me risquer à rentrer à la mine comme si de rien n'était, n'ayant aucun pirate me surveillant à mes côtés. « - ...Ils ...Ils vont me faire du mal. ». Oui, je rêvais à présent de quitter cet endroit maudit que représentait la mine et courir là, maintenant alors que j'en avais encore le temps. Mais je ne pouvais pas. Pour les enfants. J'avais eus beaucoup de mal à avoir leur confiance au départ, je ne voulais même pas imaginer s'ils venaient à découvrir ma lâcheté en quittant la mine et en les abandonnant... Outré à l'idée même d'exploiter des enfants, je ne pourrais de toute manière les laisser à un sort aussi triste que même un adulte comme moi ne saurait le supporter. Je secouais la tête. Tentais de reprendre mes esprits... Me calmer surtout ! « - Je suis... Milo... Je.. Je suppose que tu es une sirène ? ». Peut être qu'ils finiraient par dormir sans remarquer mon absence... Peut être que j'aurais toute la nuit pour discuter avec ce "nouvel ami"... S'il voulait bien l'être. Je l'avais disputé au départ, mais je ne pouvais quand même lui reprocher de m'avoir débarrassé de cette plaie. Je suppose qu'il déteste tout autant que moi Barbe Noire et son équipage... Les ennemis de mes ennemis sont mes amis, n'est-ce pas ?